Jeu de rôle : Ryuutama, l’heroïc fantasy sauce kawaï

Posté le 2 avril 2014 par

Un jeu de rôle, c’est tout d’abord une ambiance. Et Ryuutama, qui nous vient directement du Japon, est assez unique pour donner envie à tout rôliste d’y poser un œil.

L’auteur de ce jeu est un maître de jeu professionnel, tenant, au Japon, un café où il est possible de pratiquer ce loisir qui nous est cher. Le nouvel éditeur, le lapin marteau, après une souscription Ulule, moyen de financement devenu assez commun à présent (durant laquelle il proposait pas mal de joli matériel, comme des règles ou des scénarios exclusifs) nous livre enfin le produit fini, sous la forme d’un joli ouvrage tout en noir et blanc, en couverture souple.

ryuutama 3

Il suffit de le feuilleter pour être intrigué par l’ambiance qui se dégage des illustrations, magnifiques il faut bien le dire. Les dragons dessinés allient humour et originalité, et le style manga des personnages dépeints ne peut que conquérir son public. Plusieurs courtes séquences en bande-dessinée expliquent aussi quelques points de règle, avec amusement et un côté kawai se prêtant très bien au jeu.

Mais que raconte Ryuutama ? Dans cet univers, les joueurs incarnent des voyageurs, sortent de version un peu moins belliqueuse des aventuriers des jeux de rôles traditionnels d’heroïc fantasy. Ils ont tout simplement décidé de partir à l’aventure, et se sont regroupés pour éviter les dangers. Car le monde n’est pas dénué de périls et de combats, malgré son côté plutôt mignon. Les personnages vont ainsi de villes en villes, découvrant ce qui se cache derrière l’horizon, acceptant des missions dans les villages ou villes qu’ils croisent. En effet, ils ont besoin d’argent, et ces voyageurs appartiennent, de manière tacite, à une sorte de police des routes, mercenaires au bon cœur aidant les gens qu’ils rencontrent. Mais, dans cet univers, il existe de nombreux dragons, appartenant à un type de paysage particulier. Les plus puissants sont les dragons des saisons, qui façonnent le monde autour d’eux. Pour cela ils ont besoin d’être nourris, et leur nourriture est constituée de récits. Ces récits, un homme-dragon les leur raconte, et un de ces hommes-dragon a décidé de suivre les joueurs, aidant ou compliquant leur tâche pour rendre tout cela plus palpitant.

Ryuutama 2

Oui, voici une des plus importantes nouveautés de Ryuutama : en plus de tous ses pnj, le maitre de jeu possède un véritable personnage, qui va progresser en même temps que les personnages des joueurs, les suivre, intervenir discrètement – ou plus frontalement. Tout d’abord, cela implique de ne pas modeler ses règles ou jets de dés comme il le désire, une des notions les plus difficile à appréhender pour un maître de jeu occidental. Heureusement, les auteurs de l’édition française donnent de précieux conseils sur la manière dont il faut apprivoiser ce jeu, des conseils loin d’être superflus, tant les rôlistes japonais et occidentaux jouent de manière différente. Mais de surcroît, l’homme dragon peut appartenir à quatre races différentes, ce qui va modeler considérablement la campagne, puisque chaque race recherche des récits différents, et possède une manière d’influer sur les personnages de manière autre, à tel point que même les descriptions des lieux doivent montrer l’influence de cette créature. Les hommes-dragons verts recherchent l’aventure. Les bleus, les bons sentiments, l’amitié, l’amour. Les rouges, les combats, la guerre, la chasse aux monstres. Et les noirs ajouteront un peu de noirceur à la campagne (toute proportion gardée bien sur, Ryuutama reste un jeu profondément positif et kawai et ne ressemblera jamais à Kult, par exemple) en forçant la trahison et les complots.

L’autre nouveauté importante, c’est que le monde ne possède pas de véritable description. En effet, l’auteur propose que les villes rencontrées, et les généralités sur l’univers, soient crées de manière collégiale, par les joueurs et le maître de jeu. Ce narrativisme avant l’heure est plutôt bien pensé, évitant que les joueurs aient une trop grosse influence pour ne pas perturber le maître de jeu, mais leur permettant de s’amuser à imaginer des détails, une ambiance, qui ne pourraient que les amuser quand ils plongeront dedans.

Si un maître de jeu occidental peut avoir quelques difficultés au début (mais les conseils sont judicieux et bien pensés), les règles sont d’une simplicité enfantine (et les règles spéciale sur le campement, l’orientation et la condition, sont excellentes et superbement pensées pour ce jeu) et la création de personnages d’une facilité et d’une rapidité déconcertante, tout en permettant des personnages très différents. Le plus long, finalement, est d’acheter son équipement, ce qui évitera de passer de longues soirées à la création de personnages.

Ainsi, Ryuutama est idéal pour les débutants, et pour faire commencer de jeunes rôlistes, mais peut offrir d’excellentes choses à des joueurs confirmés. Il faut qu’ils osent aller vers une ambiance positive et kawai (ce qui peut un peu faire peur au début), sans qu’elle soit niaise pour autant. Ryuutama est une véritable découverte, un livre prenant à lire, très bien écrit, et qui donne immédiatement envie de l’essayer, de tenter cette expérience déconcertante. De surcroît, l’auteur, en proposant de nombreuses fiches pour la création des villes, du mondes, et des scénarios, facilite le travail du maître de jeu, en lui donnant d’excellents outils. Ryuutama est ainsi un très bel ouvrage, très intéressant à lire, bourré d’idées, mais c’est aussi un joli coup de cœur qui mérite d’être essayé et découvert. Il est cependant conseillé, face à un groupe classique, de distiller par touches les spécificités du jeu, pour qu’ils ne prennent pas peur face au côté trop « mignon » de l’ouvrage. Ainsi, les joueurs auront le temps de s’attacher au jeu et au personnage, alors que projeté trop rapidement dans ce bain déstabilisant, ils pourraient se retrouver refroidis.

 

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2 commentaires pour “Jeu de rôle : Ryuutama, l’heroïc fantasy sauce kawaï”

  1. Bienvenue dans le monde merveilleux des blogs ! 🙂

  2. Merci ^^. C’est en fait plus un retour (j’ai eu plusieurs blogs sur le cinéma il y a une dizaine d’année) et je reviens grâce à la belle opportunité que m’a offert East Asia ^^

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