Jeu de rôle : Notre Tombeau, campagne-jeu sans concession

Posté le 26 octobre 2014 par

Après le dérangeant Patient 13, Anthony Combrexelle revient avec une nouvelle campagne-jeu à l’ambiance horrifique, toujours parue aux Editions John Doe. Ninik’s land se plonge donc dans Notre tombeau

Patient 13 avait su poser une ambiance étrange et des plus intéressante, mais demandait beaucoup de travail de la part du maître de jeu, chaque acte étant développé en tant que synopsis, et l’auteur laissant nombre de zones d’ombre.

notre tombeau

Notre tombeau abandonne donc l’hôpital psychiatrique de Patient 13, pour envoyer les protagonistes de Notre tombeau sous Paris, à l’époque moderne. Les références de cette campagne sont en partie les jeux vidéos type survival-horror, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Anthony Combrexelle sait exploiter cette référence, et d’autres, pour créer un univers dérangeant en diable, entre violence, survie et horreur.

Nos joueurs vont incarner des personnages lambda, des messieurs tout le monde, vivant à Paris, alors qu’un tueur en série, Scalpel, sévit impunément dans la capitale. Ils sont enlevés par les membres d’une secte cherchant à protéger Paris, car sous la ville réside une créature démoniaque qui doit être nourrie par des sacrifices, pour éviter que la ville ne soit engloutie. Blessés presque à mort, la langue coupée, nos pauvres héros sont jetés dans un puits sans fond, scellé ensuite. Survivant grâce à l’amoncellement de corps obstruant le puits, les joueurs vont survivre à cette chute, et devoir errer dans les égouts, catacombes et autres souterrains parisiens.

L’ambiance est posée, ce sera obscur et atroce, et l’auteur, en décidant de trancher la langue des personnages, fait un choix drastique, violent et osé, obligeant les joueurs, au sein du roleplay, à communiquer par gestes ou grognements. Bien entendu, il est nécessaire, dans Notre tombeau, d’avoir des joueurs matures, qui sauront d’une part respecter l’ambiance atroce mise en place, mais éviteront d’être traumatisés par ce que vont vivre leur personnage. Car, entre l’errance dans les souterrains plongés dans le noir presque total, les membres de la secte, les chercheurs de trésor, et les créatures non-humaines qui déambulent au sein de ce théâtre de jeu, nos joueurs seront mis à mal, et auront rarement l’occasion de souffler.

Mais Notre tombeau, loin de n’être « qu’un » train fantôme horrifique, développe un véritable, et très intéressant scénario, s’inspirant des écrits de Victor Hugo, l’ombre de ce dernier planant sur tout Notre tombeau. Au sein des corridors obscurs et suintants se cache un mystérieux trésor à trouver, des habitants non-humains qui résident ici depuis une époque inconnue, un dieu antédiluvien, et le fameux et horrible Scalpel (dont la destinée ne pourra que surprendre, encore un choix malin et intelligent de l’auteur).

notre tombeau

Les actes sont courts, mais suffisamment développés pour qu’un minimum de travail soit nécessaire pour les mettre en scène. Et, bien que douze épisodes sont présentés, seuls quelques-uns sont véritablement obligatoires. Ainsi, Notre tombeau peut se jouer en one-shot, ou être encore plus développé que l’ouvrage ne le laisse entendre, l’auteur donnant nombre de pistes pour faire encore progresser l’errance des joueurs.

Notre tombeau étant une campagne-jeu, un système de création des personnages et de résolution est donné. Forcément très simple, il sera aisément appréhendé, et se révèle assez intelligent, accentuant l’utilisation d’armes improvisées, et utilisant un système de points d’adrénaline, pour représenter le stress constant des personnages. Un très bon système, facilement utilisable pour d’autres campagnes horrifiques.

Anthony Combrexelle précise que cette histoire peut aisément être adaptée à n’importe quel jeu, en oubliant bien entendu de trancher la langue des personnages si le maître de jeu désire utiliser ce scénario dans sa campagne habituelle. Soyons honnête, ce fait est assez exagéré, même si une adaptation est tout à fait possible. En effet, positionner Notre tombeau ailleurs qu’à Paris ferait perdre une partie de sa spécificité, avec l’utilisation de Victor Hugo, excellente et prodigieuse idée qu’il serait dommage de voir disparaitre. Et la faire se dérouler à Paris, mais à une époque antérieure à la période moderne, demandera de la réflexion. Car, sont présents, dans les souterrains, un bunker de la seconde guerre mondiale, des talkie-walkie, caméra et autres, sans parler d’un quai de métro abandonné faisant immanquablement penser à Silent Hill. Tout cela apporte une touche très intéressante, et il faudra au maître de jeu de la réflexion pour adapter ces éléments tout en conservant ce qu’ils apportent.

Notre tombeau est ainsi une excellente campagne-jeu, qui donne envie de s’y mettre, pour créer cette ambiance exigeante et malsaine jusqu’au bout des ongles, le genre d’expérience rôlistique qui peut se révéler inoubliable si elle est bien mis en scène, et jouée avec les personnes adéquates.

Notre Tombeau, d’Anthony Combrexelle, disponible aux Editions John Doe

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