Steve Jackson est un auteur de jeux très connu, surtout grâce à Illuminati. Ce dernier est considéré comme culte par beaucoup de joueurs. Une petite rétrospective s’avère donc la bienvenue.
Steve Jackson a créé de nombreux jeux, connus pour être politiquement incorrect et bourrés d’humour noir. On retrouve ses sets de dés (Zombie Dice, Cthulhu Dice), plusieurs jeux Munchkin, et, son plus connu est donc Illuminati. Il s’agit d’un jeu de carte aux règles quelque peu complexes de prime abord, qui permet d’essayer de contrôler le monde. Oui, carrément. Chaque protagoniste incarne une des grandes puissances agissant en coulisse pour la domination mondiale, comme les Serviteurs de Cthulhu, les Gnomes de Zurich, les Illuminati (forcément) ou les Ovnis. Le but, par le jet de deux dés à six faces et la dépense judicieuse d’argent (des Méga Buck) est de contrôler des marionnettes, qui eux-même contrôleront d’autres marionnettes. Chacune est représentée par une carte, plutôt jolie et délicieusement politiquement incorrecte, qui représente un groupuscule ou une organisation active. Les intellectuels sont par exemple marginaux et fanatiques, les bandes-dessinées marginales et violentes. On y croise les Nazis sud-américains, les scouts, ou encore les amoureux des poissons-rouges.
Ainsi, les joueurs rient beaucoup, alors que les cartes apparaissent, et que l’organigramme des pouvoirs se développe chez chaque protagoniste, faisant par exemple que le Pentagone se met à contrôler les croque-morts et les monstres marins robotisés. Et que dire, quand les attaques commencent à fuser, et que le KGB cherche à contrôler (ou détruire) la Californie ?
Les règles du jeu peuvent faire un peu peur, mais il serait dommage de se laisser aller à cette première impression. Elles s’apprivoisent en effet aisément. Les mécanismes sont simples et rapidement intuitifs, et, après une lecture attentive et quelques tours de jeu un peu erratique, il est aisé de se laisser emporter par l’ambiance assez unique d’Illuminati. Steve Jackson livre ici un condensé d’humour noir au sujet des Etats-Unis, et chaque partie crée des associations très différentes, le jeu étant très complet. Pour gagner, chaque joueur a un objectif en commun (contrôler un certain nombre de marionnettes), et chaque Illuminatti possède un but qui lui est propre, de même qu’un pouvoir spécifique. Les Ovnis peuvent par exemple effectuer deux attaques, tandis que les Gnomes de Zurich doivent posséder une forte somme d’argent. Les joueurs peuvent s’attaquer, faire des alliances, se proposer des échanges (et une règle optionnelle autorise même la tricherie!), ou encore se trahir, pour le grand bonheur de tous. Ainsi, Illuminati n’est pas un jeu compliqué (même si l’on peut le croire de prime abord) mais, grâce à son côté assez vaste et ses nombreuses possibilités, évite toute redite ou tout ennui, chaque partie étant complètement différentes.
Illuminatti est à réserver à des joueurs ayant un peu de connaissances en politique, et aimant l’humour noir, mais mérite vraiment le détour, tant son statut d’oeuvre culte est mérité. Il s’agit d’un jeu à savourer, encore et encore, à plusieurs (en effet, Illuminati demande la présence d’au moins quatre joueurs, même si des règle optionnelles permettent d’y jouer à deux ou trois)
Illuminati, de Steve Jackson, disponible chez Ubik.