Glénat nous emmène cette fois-ci dans un univers inquiétant et horrifique, grâce à la Tour fantôme. Petit exploration de ce premier tome.

L’histoire racontée ici prend ses bases dans un récit datant de 1898, Une Femme dans le gris. Cette histoire a été plusieurs fois adapté, et Nogizaka Taro prend pour base de son scénario une de ces adaptations, tout en la transformant à son tour, et en se l’appropriant. Nogizaka Taro est le dessinateur de Team Medical Dragon mais, s’il s’occupe aussi des dessins de La Tour fantôme, il en écrit tout autant l’histoire, clairement passionnante.

Ce récit prend place dans les années cinquante, au Japon. La Tour fantôme étend son ombre sinistre sur tous ses protagonistes, créant une ambiance malsaine, sinistre et mystérieuse, entre fantastique et tueur mystérieux. En effet, ce premier tome pose les bases de son histoire, lançant beaucoup de questions mais sans donner, pour l’instant, aucune réponse. Nous suivons les pas d’un personnage classique des récits de manga. Il s’agit d’un jeune homme oisif, peu à l’aise avec les femmes, fasciné par les récits flirtant entre horreur et érotisme, et est fort logiquement considéré comme quelque peu pervers. Alors qu’il se force à sortir de chez lui pour essayer de gagner un peu d’argent pour payer son loyer et s’acheter de ces récits qu’il affectionne, il croise une amie d’enfance, et apprend tristement qu’elle va se marier avec l’ancienne brute de son école. Alors qu’il s’enlise dans les mensonges pour essayer de ne pas passer pour un raté devant elle, un mystérieux jeune homme, quelque peu androgyne, lui sauve la mise et, pour qu’il gagne un peu de sous, lui suggère de postuler pour être gardien de la fameuse tour fantôme, considérée comme hantée depuis que quelqu’un y a été retrouvé mort, attaché sur les immenses aiguilles de son horloge. La particularité de ce meurtre est que c’est la seule fois où les aiguilles ont bougées et, par conséquent, tout le monde pense que la seule personne qui est capable d’activer les mécanismes de l’horloge est cet assassin – et ce dernier est considéré comme mort.

Pourtant, lorsque notre héros s’en va visiter l’endroit, une ombre l’attaque et le voilà lui-même attaché aux aiguilles qui, en bougeant, risquent de lui briser le bassin. Heureusement, son mystérieux ami connaît lui aussi le fonctionnement des rouages et le libère, l’invitant chez lui quand la demeure du héros brûle. Un incendie criminel.

Une étrange amitié se crée entre les deux protagonistes, rappelant les liens entre les deux héros de Fight Club (d’autant qu’ils se connaissent dans des circonstances similaires). Le lecteur plonge dans cette étrange histoire, se demandant qui est ce mystérieux garçon, et qui est l’ombre évoluant dans l’horloge, tel un Bossu de Notre Dame particulièrement maléfique. Un meurtre horrible et sanglant, et une ambiance pesante enlisent le lecteur, l’empêchant de lâcher ce manga avant la fin (et dur de ne pas trépigner d’impatience en attendant la suite). Les questions se succèdent, alors que nous ignorons toujours les motivations du jeune homme étrange, et que nous regardons notre héros qui, lentement, bascule dans un comportement bien plus ambigu.

Les dessins sont simples mais beaux, créant un excellent dynamisme à l’histoire. Ce tome 1 pose les bases de l’univers, bien sûr, et il faudra attendre la suite pour que les réponses commencent à apparaître, mais il est clair que l’auteur sait poser une ambiance pesante et fascinante, et La Tour fantôme est une histoire qui mérite vraiment d’être découverte. Il s’agit d’un excellente récit, certes aux références classiques mais, entre les personnages sur le fil du rasoir, et l’ombre effrayante qui s’étend sur eux, il s’agit d’un manga difficile à oublier et, si la suite de la saga est du même niveau que ce premier tome, nous avons ici une gamme inoubliable en devenir.

La Tour fantôme, tome 1, disponible aux Editions Glénat. Le tome 2, disponible à partir du 21 mai 2014

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